Expos
Le voyage à Rome
Lauréate 2022 du Prix Occitanie – Médicis porté par la Région, Naomi Maury expose au Musée Régional d’Art Contemporain le fruit d’une résidence de trois mois à l’Académie de France à Rome - Villa Médicis.
Que retenez-vous de vos trois mois à la Villa Médicis ?
Chaque résidence est une rencontre avec un lieu. À Rome, nous vivons dans la tranquillité de ce palais luxueux, au cœur de la ville. C’est un endroit à la fois privé, où nous avons nos appartements et nos ateliers, et public, avec des visiteurs, où il se passe des tas de choses. C’est assez étrange, mais nous sommes évidemment très bien lotis.
Quelle ambiance règne dans cette prestigieuse institution ?
Nous partageons notre quotidien avec les autres résidents, issus de tous les domaines de la création, il y a beaucoup d’échanges. J’ai pu rencontrer des historiens, avoir accès à des ouvrages rares, aller sur les lieux antiques et découvrir la scène artistique romaine. J’y ai noué des liens, un collectionneur a acheté une de mes pièces, la poétesse Laura Vazquez a écrit un texte pour mon exposition au Mrac.
Quel est le fil conducteur de votre travail, et quel axe en particulier avez-vous exploré pendant cette résidence ?
Je m’intéresse aux transformations artificielles de notre corps, de la prothèse à l’exosquelette, jusqu’au cyborg. Pourquoi et comment le transforme-t-on, et jusqu’où peut-on aller ? Cela m’amène à m’interroger sur notre connexion avec notre environnement vivant et non-vivant, et comment notre corps s’y adapte. A Rome, je me suis intéressée aux premières prothèses de l’histoire et aux armures, en particulier celles apparues sur les gladiatrices. Car il existe quelques traces de femmes qui ont combattu. J’ai voulu poser un regard contemporain sur ces corps oubliés de l’histoire. Je propose au Mrac un environnement immersif, où de grandes sculptures lumineuses en forme de cellules viennent éclairer des exosquelettes équipés de prothèses. La lumière tranche avec l’aspect froid et médical du métal. Des performeurs activeront ces prothèses, ponctuellement dans l’espace du musée, et dans un film que j’ai réalisé.
Propos recueillis par Maëva Robert
Photo : Elise Ortiou Campion
Publié par Rédaction de Ramdam